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LE FRONT CONTRE LA VITRE

parer nos jeunes gens à la lutte, éveiller en eux le sens de l’observation et le souci de l’existence, former leur jugement dès le début des études par la double gymnastique des lettres et des sciences, leur donner enfin, si la fortune les détourne de leur voie, des forces qui vaillent celles du voisin, et mieux que l’histoire ancienne et les racines de l’antique parterre.

Nous préviendrions ainsi les regrets que Jean Rivard exprime de n’avoir pas encore, après cinq ans, abordé le domaine scientifique dont l’exploration eût convenu « à la tournure sérieuse de son esprit ». Un trop long entraînement littéraire établit des familiarités qu’il est parfois difficile d’écarter, et le jeune homme, qui n’a fait qu’applaudir à l’éloquence pendant des années, incline à la chercher quand il choisit sa carrière : il va vers les professions qu’un euphémisme fait encore appeler libérales et, s’il n’a rien qui l’attire autre part, vers le barreau hospitalier. Si des efforts constants ont modifié cet état de choses, le droit demeure le port où le flot de la marée s’engage.




Les conseils du bon curé Leblanc écarteront Jean Rivard de ce chemin du roi. Il ne se joindra pas à son ami Charmenil qui sait déjà les ennuis de l’antichambre. Charmenil est fait à l’image d’Antoine Gérin-Lajoie ; il subit les mêmes misères et manifeste la même noblesse. Il est devenu avocat et il attend, en faisant de la copie, de l’enseignement, du reportage, de la traduction, des articles pour les autres et