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LE FRONT CONTRE LA VITRE

mission revient l’idée de l’établissement du pays, de sa mise en valeur. C’est tout le livre de Georges Goyau ; c’est, dans sa parfaite unité, toute notre histoire.




Cette histoire a traversé des crises dont nous subissons encore les conséquences pleines de regrets. Beaucoup de Canadiens ont quitté le sol natal pour chercher ailleurs un progrès plus sensible, mais peut-être illusoire. Ce qui fait le vif intérêt de Jean Rivard, c’est que ce livre a été écrit pour retenir les nôtres au pays et les diriger vers l’agriculture. C’est un commentaire, qui veut être léger, des paroles prononcées par lord Elgin, en 1848 : « La prospérité et la grandeur du Canada dépendront en grande partie des avantages qu’on retirera des terres vacantes et improductives ; et le meilleur usage qu’on en peut faire est de les couvrir d’une population de colons industrieux, moraux et contents. » Bien d’autres ont conseillé, depuis, l’effort de conquête et j’ai recueilli sur le monument de Cartier, à Québec, la même pensée : « Pour assurer notre existence, il faut nous cramponner à la terre et léguer à nos enfants la langue de nos ancêtres et la propriété du sol. »

C’est la chanson de la résistance, un leitmotiv de durée dont on trouverait la source sur les lèvres des premiers colons. Mais la vie économique n’obéit pas toujours au sentiment : l’intérêt immédiat, palpable, détermine les volontés et les pousse vers la vie facile que promet une rémunération élevée. La