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LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA[1]



Messieurs,

Je n’avais pas de titre à votre choix, et je n’ai pas à feindre la modestie au moment de vous remercier.

Au pays de Maria Chapdelaine, le rêve se referme sur une pensée de défense et de durée : les forces douteraient d’elles-mêmes qui voudraient ignorer l’appel de la tradition. Le passé nous retient au service d’une vérité que l’histoire nous impose ; et l’ambition s’arrête à la limite du devoir. Si nous espérons grandir un jour et tenir le rôle que notre civilisation justifie, nous réservons cette victoire à ceux qui nous suivront : il suffit que nos mains se touchent sur le bronze du flambeau. Et je me réjouis presque de ne pas compter, puisqu’il apparaît mieux ainsi que c’est le caractère de tout un peuple que vous avez voulu consacrer.

Il a vécu, ce peuple, dans le culte de la justice. S’il lui arrive de la réclamer encore pour lui-même, il peut se rendre le témoignage de ne l’avoir jamais

  1. Discours de réception à l’Académie de langue et de littérature françaises de Belgique.