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LE FRONT CONTRE LA VITRE

du sol et la préoccupation d’un patriotisme fondé sur les choses et non sur la duperie des phrases et les fausses sonorités de l’éloquence.

Le pays s’humanise. Les yeux y dégagent le travail de l’homme. Surveillons cette transformation. Qu’elle révèle une civilisation. Voilà le point commun de nos efforts. Le progrès est possible. Les résultats naîtront de l’énergie éclairée, instruite. En architecture et en art, comme pour l’agriculture et l’industrie, il faut s’adapter. Nous vivons en Amérique et Beaudry Leman a sans doute raison de nous le rappeler. Mais l’américanisme, dont le foyer est à nos portes, s’épand sur nous immédiatement.

Nous le subissons comme une contrainte. Pourquoi ne serait-ce pas en l’utilisant ? André Siegfried me le recommandait pour les nôtres. J’ai saisi en France nombre de ces assimilations : la danse plus gracieuse, la musique moins brutale et tout aussi entraînante, l’hôtellerie modernisée suivant une formule traditionnelle. Notre architecture utiliserait des matériaux américains aux travaux de discipline française. Notre art décoratif rechercherait la ligne qui distingue. Notre agriculture, même mécanisée, garderait ses traits essentiels qui sont profonds, et, notre industrie, certains soucis. Quel effort tentant. La difficulté, la complexité, c’est hélas ! notre lot, le secret de l’intérêt qui s’attache à nos actes.

Insistons. Le tournant est décisif. Pour la préservation de nos libertés, nous obéissons à nos voix intérieures, en nous raidissant dans des attitudes propres