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IN HYMNIS ET CANTICIS

les prenantes incrustations des soirs d’été, elles précisent leurs contours empourprés.

Que sont-elles ? Pourquoi ces roches dures, ramassées comme des pachydermes au repos dans la brousse, s’alignent-elles vers le sud ? Un manuel que j’ai vite épuisé, n’en dit rien. Les géologues sont naturellement plus précis. Ces « montagnes », comme on les appelle parce qu’elles paraissent élevées par rapport à la plaine, unie tout autour d’elles, sont des témoins au milieu du drift glaciaire, aplani par une mer aujourd’hui disparue. Interrogeons Marie-Victorin qui sait dégager de l’exactitude des choses les images que réclame Barrès :

« Au temps effroyablement lointain où l’humanité ne vivait encore que dans la pensée de Dieu, où notre vallée laurentienne était un bras de mer agité de tempêtes, une suite d’îlots escarpés émergeaient, comme d’immenses corbeilles de verdure, sur l’eau déserte et bleue.

« Les soulèvements de l’écorce ayant chassé les eaux océanes ne laissèrent au creux de la vallée que la collection des eaux de ruissellement, et les îlots apparurent alors sur le fond uni de la plaine alluviale comme une chaîne de collines détachées, à peu près en ligne droite, et traversant toute la vallée depuis le massif alléghanien jusqu’à l’île de Montréal. Ce sont : le Mont-Royal, le Saint-Bruno, la montagne de Belœil, Rougemont, Sainte-Thérèse, Saint-Pie, Yamaska et d’autres encore, dont l’ensemble forme ce que les géologues, habituellement moins heureux dans leurs désignations, ont appelé les « Montérégiennes ». Ce