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LUMIÈRE DU NORD




D E Paris, on se rend à Copenhague par Hambourg et Lubeck, par l’Allemagne du nord que je désirais connaître, au moins des yeux, après en avoir rêvé à la lecture d’Axelle. Hambourg est une ville puissante, grandie par son port tentaculaire, jusqu’aux limites du monde. J’évoque la masse troublante de ses églises patinées de roux, et la truculence de ses charcuteries. Lubeck n’est plus dans ma mémoire qu’un détour de route aux scintillements verts, L’Allemagne de la Baltique, comme je m’y attendais, est dure au regard et rappelle nos paysages d’automne. On y soupçonne des hivers attristants.

De Warnemunde — la « fin des terres », mots où s’exprime en plus d’un lieu la lassitude de l’Europe, car il n’y a que nous pour placer au bout d’un monde cette promesse : Terres-Neuves — à Gjedser, un ferry-boat, ainsi qu’on dit aujourd’hui dans les transports, assemble pendant deux heures les touristes venus de partout au rendez-vous obligé du bras de mer par-dessus lequel une île projette ses portes jusque sur la terre ferme. Tous les masques, toutes les langues. Aucune liaison. Les voyageurs subissent le passage