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LE FRONT CONTRE LA VITRE

renouvelé la ville. Le XVIe siècle occupe le cœur : art curieux dont je n’ai pas démêlé l’origine, sans doute parce que je me suis adressé à des gens du pays, — venu de Hollande, ai-je su en définitive. La Bourse, dentelée, avec sa tour que prolongent des monstres aux croupes enlacées ; des châteaux, qui eussent paru tendres aux Vikings. Puis, les lignes claires du XVIIe siècle : de vieux hôtels, des palais que l’on retrouve du nord au sud, à Berlin et à Vienne, architecture de raison où s’apaisent les emportements d’une Renaissance épuisée. Notre époque a complété, non sans élégance, les silhouettes vieillies ; osé, avec moins de bonheur, des choses neuves ; et le progrès a gagné la périphérie dans le mouvement de masses dont se repaissent le style moderne et l’opulent bien-être des immeubles germaniques où, par les fenêtres ouvertes, de larges édredons rouges chassent les lourdeurs du sommeil en se gonflant de l’air matinal.

La part faite aux laideurs, qui sont souvent élans de naïveté comme on en surprend ailleurs, Copenhague a su mettre un sourire « sur la façade d’une maison, au pli d’un jardin ». Rien qui boursoufle sa figure : ni gratte-ciel, ni monstruosité, — abcès de la fausse grandeur ; mais des clochers et des tourelles, dont le bronze suinte une humidité verte, et qui relient la grâce des toits. Charme d’autant plus prenant qu’il se garde de la standardisation que notre curiosité est si lasse de retrouver. Des avenues et des parcs aèrent la ville où circule une population solide que son affairement n’empêche pas d’être polie. Aux larges promenades qui y conduisent on