Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
LUMIÈRE DU NORD

superposant à la monotonie de la plaine, la parallèle de nos maisons carrées. Au Danemark, les toits chantent à toute volée. De chaume ou de tuiles rouges ou noires, luisantes comme des cabans sous la pluie, ils sont mansardés, cintrés, élancés, troués de lucarnes en paupières. Mais ils sont de même inspiration. Le train n’a pas roulé vingt minutes que, des deux côtés de la voie, on se prend à l’impeccable accent de cet art, accord du travail et de la pensée.

Copenhague réunit ces éléments épars et les grandit aux proportions d’une ville.

Qui veut connaître une région doit fuir les autocars et rejeter les parcours officiels : à peine leur demandera-t-il une mise en place. Il retournera plus d’une fois, à pied, en flânant, aux endroits qui l’auront attiré, se mêlant à la population comme s’il en était et participant, pour un jour, à l’âme collective. En pénétrant le secret d’une ville sous les additions du temps, il discernera des choses dont il n’eût pas soupçonné la durée, du haut d’un char-à-bancs outrageux et comique. Que de fois ne me suis-je pas confié au hasard pour surprendre les confidences d’un lieu inconnu et m’imaginer les partager. On choisit la minute la plus exquise, puisque la fantaisie seule y pourvoit ; et, comme on perçoit l’ordre où les douleurs n’ont pas de voix, on ne retient que l’apparence du bonheur.

Copenhague est « différent », comme aiment dire les Américains. On suit, aux reflets des constructions plus récentes, les traces des incendies qui ont