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ciers et poètes, depuis Georges Sand jusqu’à Maurice Barrès, depuis Brizeux jusqu’à Charles de Pomairols, ont été d’abord, comme il était naturel, saturés d’influences françaises, pour ensuite, déjà maîtres d’eux-mêmes, tourner toutes leurs prédilections vers la petite patrie, qui leur a donné la gloire après la vie. C’est la même évolution que l’on pourrait suivre chez M. Charles Gill, tour à tour romantique, parnassien et provincialiste, et qui veut

Faire sur le granit sonner le vers d’airain,


chez Louis Joseph Doucet, chez René Chopin, chez l’auteur du Canada chanté, Albert Ferland, qui décrit avec une sainte émotion

 la paix des vastes solitudes
Où les bois, nos aïeux, se sont enracinés…
Le pin vêtu de nuit, conquérant des falaises,

et qui, d’un vers, dessine l’immensité :

C’est toujours devant toi le sol de ton pays.

Ce régionalisme, pourtant, auquel nous tendons tous et qui marquera enfin le point d’arrivée de nos efforts, prenons garde qu’il ne soit une pure fantaisie, un vieux meuble, des mots de terroir, une recette culinaire, pour reprendre les expressions de Maurice Barrès. C’est l’âme qu’il doit atteindre et manifester dans toute sa simplicité ; c’est, pour