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Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/124

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finir par là où nous avons commencé, le « principe de vitalité » qu’il doit mettre en lumière, pour en montrer la force prolongée. Qu’importe que la vie soit petite, rencognée, terre à terre ; ce n’est qu’une apparence. Dans un décor merveilleux s’éleva naguère la chanson de France que chaque printemps ranime. Si peu qu’elle soit, cette vie, elle demeure par ce qu’elle a d’éternel et de semblable. Tous ses gestes sont une poésie, pour celui qui sait la regarder, la comprendre et l’aimer.

Alors le poète sera vraiment l’évocateur. Sa voix remuera les foules et fera germer en elles la foi, principe déterminant de l’énergie. En lui se renouera la tradition, qu’un retour vers la France n’aura fait que vivifier. Car, ne l’oublions pas, si nous avons duré, s’il nous reste, au sein de notre existence hâtive, liée à la fortune, une étincelle qui nous préserve ; si nous avons échappé jusqu’ici à l’emprise, asséchante pour nous, des deux matérialismes auxquels M. Jean Charbonneau consacre les derniers chapitres de ce livre ; si nous pouvons affirmer encore que nous poursuivons ici la mission de la France de tous les temps, mission civilisatrice, faite de clarté, d’ordre et de nuances ; nous le devons pour une bonne part à ceux que nous n’avons pas toujours reconnus, qui, oublieux d’eux-mêmes, nous ont pénétrés de la beauté de notre histoire et de l’orgueil de nos origines ; aux poètes, qui ont gardé