Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/131

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et contribue à donner plus d’autorité à ses jugements.

La critique, ainsi libérée et ordonnée, accomplira pleinement sa mission qui est, en définitive, d’inspirer l’œuvre de littérature, en la guidant vers une forme d’art appropriée et vers l’expression de beautés nouvelles. Mission difficile mais singulièrement féconde ! L’absence d’une critique pondérée, juste et suffisamment compétente, a été une des causes de la pauvreté relative de notre production littéraire. Nos auteurs hésitent et tâtonnent. Ils cheminent sans appui, sans conseils et le plus souvent sans espoir, sur une route étroite qui n’a de charme que sa solitude. Rien qui les aiguillonne, si ce n’est le blâme irritant et stérile. Ils ignorent la valeur et la portée de leurs ouvrages. S’ils sont sincères, ils en souffrent. L’écrivain sérieux, épris de sa tâche, ne se fie pas à sa facilité qu’il redoute. Le souci de la forme correcte et simple torture son esprit. Il finit par douter cruellement de ses propres forces. Il est condamné à ne jamais savoir la limite exacte où son effort triomphe. La critique peut le secourir. Sans doute elle est impuissante à faire naître le talent, qui n’a rien d’artificiel ; mais elle peut le réconforter, le développer, le multiplier là où il existe déjà ; lui indiquer