Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/132

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les écueils ; lui ouvrir des voies inconnues où s’avancer d’un pas plus assuré ; lui déceler les richesses nombreuses, les puissances ignorées que renferment notre passé valeureux et les fières leçons de notre histoire française ; lui révéler la gravité large et sereine de nos paysages, l’orgueilleuse sauvagerie de nos forêts, la tranquille et chaude mélancolie de nos montagnes, — tout ce monde nouveau dont le caractère sobre et dur exprime l’infatigable énergie de notre race à le conquérir.

Aussi bien M. Roy s’est-il essayé à exercer ce rôle bienfaisant. Dans une conférence, faite en 1904 et reproduite dans ses Essais sur la littérature canadienne, il a exprimé quelques idées à propos de la nationalisation de notre littérature. Le mot n’est pas nouveau, s’il fut employé naguère par Ferdinand Brunetière, dans son Manuel de la Littérature française, pour caractériser une des étapes de l’évolution littéraire en France. — Qu’est-ce au juste que cette nationalisation des lettres ? Est-ce une formule étroite et nécessaire ? Nos auteurs devront-ils s’interdire de traduire des sentiments humains, d’énoncer des idées générales, ou de traiter des sujets qui nous sont étrangers par presque tous leurs aspects ? Ce serait leur imposer une lourde rançon et une gêne extrême. Chacun est libre de suivre la pente de ses goûts et de prendre son bien là où il croit le trouver. Comme nous