Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/134

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français cet art de regarder dont a parlé Henry Bordeaux. Nous connaîtrons par eux comment écrire des livres canadiens ; et nous nous porterons dès lors avec plus d’amour et d’intérêt vers notre histoire, et nous trouverons l’expression artistique qui dira, dans toute son intensité, la robuste beauté de nos traditions populaires. Ce qui ne nous empêchera pas, ainsi que le suggère fort à propos M. Roy, d’organiser enfin chez nous l’enseignement méthodique des humanités, d’envoyer nos jeunes gens étudier à l’étranger, de créer des écoles normales et supérieures, de tendre notre enseignement secondaire vers la nationalisation de la littérature, — en faisant disparaître, par exemple, le déplorable usage d’imposer à des rhétoriciens des sujets fossiles comme la défense de Thomas Morus au lieu de « les faire décrire la chaumière qu’ils ont habitée ».

M. Roy prêche d’exemple, et fort honnêtement. Il a précisément décrit la chaumière qu’il a habitée avec un accent de vérité qui communique à son œuvre un rare mérite. La jolie chose que ce Vieux Hangar sur lequel s’ouvrent les Propos canadiens ! Voilà bien du provincialisme littéraire et du plus pur. M. Roy y a mis le meilleur de son cœur et de son souvenir. Ce tableau est d’un réalisme doux et mélancolique, pénétré de sincérité paysanne, de tendresse familiale, de simplicité émue et nuancée.