Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le montrait, il y a quelques jours, avec beaucoup d’autorité, M. Paul Morin, l’exotisme est fort répandu dans la littérature française ; et il n’y a rien là que de très plausible. Cependant on peut souhaiter la formation d’une littérature qui soit nationale par le choix des sujets et par le tour de l’expression. On peut demander à nos écrivains d’observer de préférence les choses qui les entourent, qui les touchent, dont ils subissent l’influnce et qu’ils exprimeront d’autant mieux qu’ils les auront davantage aimées, comprises et méditées ; de peindre le détail de nos mœurs ; de pénétrer jusqu’au silence de l’âme canadienne, pour en manifester les sensibilités profondes et atteindre les sources de notre vie nationale.

C’est poser l’importante question du provincialisme littéraire sur laquelle nous reviendrons plus tard. M. Roy nous paraît la résoudre plutôt mollement. Sa pensée chevauche un peu. Il fait trop bon marché de la littérature française inspiratrice de nos œuvres littéraires ; il ne distingue pas suffisamment ce qu’on a appelé la littérature d’exportation et ce qui est la littérature française. Il cite l’opinion de M. Hector Fabre qui nous met en garde contre les raffinements du dilettantisme. Je veux bien ; mais, outre que le dilettantisme ne se porte plus guère, il reste que pour nationaliser notre littérature il nous faudra apprendre des régionalistes