Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/147

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ses courriers sur les séances homériques du Parlement-modèle traversées par la voix traînarde du petit vendeur de chocolats, peanuts, caramels, et terminées sur la version grecque péniblement élaborée dans un coin par un tout jeune député-modèle qui préparait l’avenir de son pays en même temps que son baccalauréat ; jusqu’à ces impayables Histoires de Chasse et de Pêche dont il savait tirer de véritables morceaux, où l’intérêt était ménagé, et qui étaient remplies de traits, un peu gras parfois, mais d’une humeur gaillarde, sans méchanceté : liberté d’un jeune auteur qui s’attarde à faire un à-propos politique d’une galéjade recueillie n’importe où !

Mais il s’intéressait également aux choses de la littérature, et sa curiosité intellectuelle se nourrissait des œuvres modernes. Il aimait particulièrement le théâtre. De fait, il s’y sentait porté. Il en possédait le style, tournant le dialogue avec facilité. Il a laissé, dans ses manuscrits, une pièce à peine ébauchée : Le Gaz hilarant, sorte de comédie bouffe bâtie sur les mille singularités d’un savant maniaque. Il donnait à l’Action, chaque semaine, des chroniques dramatiques où il s’essayait à la critique des idées et des mœurs. Il analysait la pièce avec aisance et non sans mérite, s’égayant des mots de l’auditoire ; car il savait regarder la salle en écoutant l’autre drame, ce qui conduit