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LA TRADITION FRANÇAISE

la courbe de vos résistances se sont comme accolés à elle. Chaque minute, elle a vaincu le doute. Elle triomphe aujourd’hui, comme toutes les vérités doivent éclater : dans la réalité d’un fait. La France, au lendemain de la guerre franco-prussienne, avait songé à préparer, dès l’école, les forces nécessaires de l’avenir. Puis, les idées mêmes qu’elle répandait de très haut sur le monde avaient comme effrayé sa résolution. Par humanité, elle faisait le sacrifice de la revanche. Mais lorsque ceux de 1870, dont vous êtes, et leurs fils, eurent reconnu, à la lueur d’une agression qu’ils n’auraient pas voulu provoquer, que, cette fois encore, la France était d’accord avec l’humanité, ils les ont vengées toutes deux.

Endurance et sérénité, cela s’appelle en France : le sourire. C’est le sourire que le dessin de Forain fit courir sur la France et qu’une légende accentuait : « Pourvu qu’ils tiennent. — Qui ça ? — Les civils ! » Les civils ont tenu. Ce fut une des leçons de la guerre que cette harmonie de toutes les forces, rivées au combat. Au-delà du mur flexible des armées, la Nation s’organisa à leur exemple. Chacun comprit son devoir et s’y adapta. La victoire pouvait dépendre du plus humble, car la tâche était commune. Il fallait des armes, des munitions et des vivres ; des hôpitaux, des usines et des transports. Il fallait la pensée, la science et