Ayant quitté Rome, Veuillot visite quelques villes d’Italie, et, après des hésitations, renonce au voyage en Orient. Il se dirige vers la Suisse. À Fribourg, il se retire au séminaire, où il veut, dans la retraite, interroger Dieu. Puis, sa détermination prise, il parcourt à pied une partie du pays et rentre en France, plein de projets. « Vite, écrit-il à son frère, vite une lettre à Paris, et, s’il vous plaît, un peu mieux torchée que la bâloise, qui ne vaut pas trois sous. Je t’ai adressé de Fribourg des compliments qui t’ont gâté… Courage ! travaille, prie si tu peux. Éteins tes dettes le plus tu pourras, et songe que les miennes nous attendent. »[1]
Dégoûté du journalisme, il entre dans l’Administration. C’est un pis aller. Nommé sous-chef au ministère de l’Intérieur, il a la vie assurée et aussi, ou à peu près, la liberté. Il écrit quelques livres : les Pèlerinages de Suisse, L’Épouse imaginaire, puis il travaille à Rome et Lorette. De temps à autre, il donne des articles à l’Univers, journal encore assez obscur, qui était modestement logé rue des Fossés Saint-Jacques. Bientôt las de cette existence, trop inactive à son gré, il accepte de suivre en Algérie son ancien et grand ami, le général Bugeaud. Cette vie nouvelle l’intéresse et le captive un moment. Monté sur Jugurtha, son
- ↑ Correspondance, I, 49