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qui commande et le rêve asservi. Il s’en explique, non sans tristesse. Il écrit à madame de Pitray : « Je laisse M. de Falloux un moment pour vous écrire, comme un pauvre homme, qui casse des cailloux au soleil, s’écarte pour aller boire un peu d’eau fraîche à la source qui coule dans le gazon, sous l’ombre des beaux arbres ».[1] Il écrira plus tard, dans l’avant-propos de Corbin et d’Aubecourt : « Si j’ai soutenu tant de polémiques, ce fut bien par ma volonté, mais mon goût me portait ailleurs. J’ai été journaliste comme le laboureur est soldat, uniquement parce que l’invasion l’empêche de rester à cultiver ses champs. Je ne tenais ni à recevoir, ni à porter des coups, et les joies de ma carrière ne sont pas d’avoir été mis à l’ordre du jour pour quelque fait d’armes plus ou moins heureux, mais d’avoir vu parfois une pauvre petite fleur éclore dans mon courtil délaissé ».[2] Enfin, en 1873, il confie à Léontine Fay ce tourment de sa vie : « La poésie me détournait du travail positif et régulier. C’est pourquoi je passais tant de nuits blanches et je mangeais tant de pain sec… Mais, par ordre supérieur, je dus épouser madame Polémique. Hélas ! quelle épouse ! La poésie

  1. Correspondance, III. 256.
  2. Corbin et d’Aubecourt. L’avant-propos est de 1869. Voir les premières pages de Ça et Là. — Cf. également une lettre que Veuillot écrivit à Léon Gauthier au sujet du Parfum de Rome : Vingt nouveaux portraits, par Léon Gauthier, p. 400