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épargna ce qu’il y avait en eux de permanent, d’indestructible : le sang, la sève, la vie. Ils ont survécu. Ils ont été, ils sont encore la France vivante. Dans un chapitre intitulé La leçon du Canada, M. Gabriel Hanotaux retrace les étapes de cette lutte. Les découvreurs ont jeté sur la carte de l’Amérique du Nord des noms sonores qui marquent encore des postes définitifs. Les chefs ont respecté leur mission et rien d’inhumain n’a diminué leur conquête. Le colon a été un admirable défricheur ; hardi à la tâche, vigoureux, alerte et joyeux, « il n’a pas craint sa peine ». Les efforts réunis de ces hommes, leur foi inébranlable, leur ténacité, eussent triomphé de tous les obstacles et assuré les destinées de la colonie, si le nombre, plus fort que tous les héroïsmes, n’avait pas eu brutalement raison de leur volonté opiniâtre.

La défaite fut le signe de la revanche lente, silencieuse, obstinée. Nous étions à l’affût du danger. Les événements nous apportaient des ressources nouvelles et composaient nos gestes ; ainsi lorsque nos pères, au nom de la constitution anglaise, réclamaient éloquemment le respect des libertés nécessaires. La situation s’est aujourd’hui modifiée. Le Canada a pris rang parmi les nations du monde. Il s’est peuplé, développé, le voilà riche. La lutte que nous soutenons devient de ce chef plus intense et plus dangereuse ; elle nous