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LA TRADITION FRANÇAISE

parce que c’est lui qui va gouverner et non elle sous son nom, c’est l’homme qui, soit par influence de fortune, soit par le prestige de son talent et de sa notoriété, réussit à se faire nommer quelque part. Celui-ci ne dépend pas d’elle. Supposez qu’un corps législatif soit tout entier composé ou soit composé en majorité d’hommes riches, d’hommes supérieurs intellectuellement et d’hommes ayant plus d’intérêt à exercer leur métier, où ils réussissent, qu’à faire de la politique ; tous ces gens-là votent selon leurs idées, légifèrent selon leurs idées, et alors, quoi ? alors la démocratie est simplement supprimée. Ce n’est pas elle qui légifère et qui gouverne ; c’est, très exactement, une aristocratie, une aristocratie un peu flottante peut-être, mais une aristocratie, éliminant l’influence du peuple sur les affaires publiques. »



Et voilà. Le trait, certes, est grossi, mais il est amusant. Le pamphlet, c’est une caricature : castigat ridendo. Le gouvernement du peuple par le peuple est-il condamné sans merci à un sort aussi pénible, aussi lourd de conséquences ? Ne peut-on espérer une régénération, une palingénésie, pour parler le langage des pieux utopistes du commencement du siècle dernier ? Oui, sans doute. Émile