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LE CRAPET CALICOT

tris il devient un gogle eye ou une gogle eyed perch. Le crapet calicot se trouve en grande abondance dans les lacs et les étangs de la région des grands lacs et des sources du Mississipi. Il est également répandu dans la vallée du Mississipi, et il se montre dans les ruisseaux des deux Carolines et de la Géorgie, à l’est des montagnes. Il recherche de préférence les eaux calmes, limpides, sur un fond tapissé d’herbes, et rarement on le verra dans les eaux bourbeuses des bayous habitées par le crappie. C’est un excellent poisson de table qui atteint parfois le poids de deux à trois livres, quoique généralement il ne pèse pas plus d’une livre. Comme tous ses congénères, c’est un poisson sportif, mais il n’est pas aussi vorace que la plupart d’entre eux. »

Au tour du professeur Kirtland de nous peindre ses mœurs et de l’apprécier à sa valeur.

« Le crapet calicot n’a pas été jugé digne, jusqu’ici, de l’attention des pisciculteurs ; toutefois, après l’avoir étudié longuement, avec un soin minutieux, je n’hésite pas à dire qu’il mérite de faire figure, non seulement sur les marchés locaux, mais à côté des poissons du million sur les plus grands marchés, à la bourse même. Il est originaire de nos cours d’eau et des lacs de l’Ouest, où il se retire habituellement dans des eaux profondes et calmes ; toutefois, en certains cas il s’est frayé un passage dans les eaux fraîches de rivières et même de petits ruisseaux, soit en suivant des canaux, soit en étant transporté par les hommes, où il s’est facilement conformé au changement, et dans les deux ou trois ans il a peuplé jusqu’à trop plein ses nouveaux endroits d’habitation.

« Comme poisson de table, peu d’espèces de poissons d’eau douce peuvent lui être comparées. Pour la vitalité et la rapidité de son accroissement il n’a pas d’égaux.

« Le crapet calicot convient parfaitement au peuplement des étangs, pourvu qu’ils soient d’une profondeur convenable. Il ne nuira en rien au développement d’autres espèces de poissons ; grands ou petits, habitant les mêmes eaux. Il vivra en paix avec tous, et si d’un côté sa conformation et ses dispositions l’empêchent d’attaquer les autres, sauf de jeunes alevins, d’un autre côté, les dards aigus qu’il porte au dos et à l’anale tiennent en respect les poissons ravageurs, voire même le brochet, le pire de tous. »

Parmi tous les noms énumérés plus haut que les Américains ont donnés à ce poisson, j’ai choisi celui de crapet calicot pour le désigner en français, en lui conservant toutefois son nom scientifique de pomoxys sparoïdes, universellenent connu. Si ce poisson se répandait — comme je l’espère — dans les eaux douces de la province de Québec, je proposerais le nom de crapet beurre frais qui en rend bien la couleur, à mon avis. En attendant, continuons de l’appeler crapet calicot.