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L’ACHIGAN

J. A. Smith et John Yates, tous deux pêcheurs du même lieu, confirment ce témoignage.


Daniel McGivin, Burlington Beach, pêcheur, dit : « L’achigan n’est pas bon à manger en juillet et août ; il fraie de mai jusqu’en juin. On le pêche en été, lorsque la chair n’est pas bonne — en juillet et août. Prendre ce poisson avant novembre est un gaspillage. Les sportsmen seuls peuvent se permettre de pareilles frasques ; un pêcheur honnête s’en gardera bien. L’achigan, dans de bonnes conditions, se vendra de 10 sous à 12½ sous la livre.


William Depew, pêcheur, Burlington Beach, dit : « Pêcher l’achigan en juillet et août, c’est simplement gaspiller ce beau poisson. Il ne fait pas honneur à la cuisine, alors. Il ne fraie pas avant juin. »


Jonathan Gorcy, Burlington Beach, pêcheur, dit : « L’achigan est à peine mangeable, au mois d’août. Il est délicieux en septembre, octobre et novembre. Il est d’avis qu’on ne devrait pas l’offrir en vente, sur le marché, avant le mois de septembre. Les amateurs des villes viennent pêcher, en été, et font périr inutilement de grandes quantités de ce poisson. »


Frédéric Gorcy, pêcheur, Burlington Beach, dit : « Le meilleur temps pour pêcher l’achigan est le temps du frai. Ils préparent leurs nids vers le 20 mai, et font leur ponte vers le 1er juin. Ils protègent leurs petits jusqu’à ce qu’ils quittent leur berceau. »


Dégageant ces témoignages de leurs contradictions provenant d’un manque de précision dans les observations, ils établissent quand même le fait que ce beau poisson est, durant les mois d’été juin, juillet et août, la proie du caprice et du plaisir de désœuvrés étrangers, ruinant nos eaux et n’apportant aucun protit à notre pays. Tous s’accordent à dire que la chair de l’achigan n’est dans sa saveur qu’au mois de septembre. Lors, dans ces régions d’Ontario, il devrait être raisonnable d’interdire la pêche de ce poisson, depuis décembre jusqu’en septembre. On le couvrirait ainsi de la plus ample protection, et le consommateur serait sûr de manger une chair fine, débarrassée de vers, du goût le plus savoureux. Les pêcheurs y perdraient peut-être ? Mais non, ils y gagneraient, au contraire, par la disparition des sportsmen, l’accroissement dans le nombre et la taille de leurs prises, par l’amélioration des qualités comestibles du poisson, qui le feraient rechercher et apprécier davantage, et partant, leur permettraient d’en élever le prix.

Ce sont là des circonstances purement locales qui ne se présentent pas ailleurs ou qui varient sensiblement suivant les endroits. Dans les Mille-Iles, fort peuplées d’achigans de moyenne taille, dans la baie de