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DES ENGINS DE PÊCHE


profiter ; car il n’est pas de vie de chasseur, où telle pièce magnifique a été renvoyée par lui, avec une charge de petit plomb dans le gras des parties charnues. Le moulinet du pêcheur, c’est la balle secourable du chasseur, à cette différence près, en sa faveur, qu’elle n’empêche pas son coup d’être chargé de petit plomb ; c’est mieux qu’une balle, c’est la charge de cendrée qui fait balle sur un animal, gardant une force suffisante pour amener celui-ci à vos pieds.


CANNES À PÊCHE (Confection des)


Les premières cannes à pêche que les hommes ont inventées étaient tout simplement une gaule empruntée à la cépée la plus voisine, et cet instrument, si simple et à la portée de tous, est encore le plus usité dans les campagnes et dans les petits centres de population écartés. Cette construction primitive, qui consistait a dégrossir une simple baguette en la privant de ses nœuds et de ses branches, fournissait une canne lourde, si elle était un peu longue, et peu élastique si elle était courte.

Or, ayant tout aussi bien, alors qu’aujourd’hui, besoin très souvent d’éloigner son hameçon du bord où le poisson voit trop bien et se méfie, le pêcheur s’ingénia de toutes les façons à augmenter les deux qualités qui manquaient à sa gaule, la légèreté et la souplesse.

L’esprit humain procédant du simple au composé, le pêcheur pensa à modifier l’instrument qu’il avait en main avant de songer à en créer un autre. Il s’aperçut que, sèche, cette gaule était plus légère et plus élastique, il fit sécher les gaules au four après le pain retiré ; c’est encore ainsi que se font les cannes à pêche dans les campagnes. La différence du poids vert au poids desséché n’étant pas très considérable pour une gaule d’une certaine longueur, le pêcheur dut chercher si, en ajustant les unes au bout des autres, plusieurs gaulettes plus fines, il n’arriverait pas à un résultat plus satisfaisant. Ce fut la création du scion, qui constata ce pas fait dans le progrès. On peut dire qu’à ce moment la canne a pêche civilisée était inventée ; car, en modifiant seulement le choix des matières, on arrive à la canne la plus compliquée et la mieux finie que l’on fasse de nos jours.

La question des ligatures a dû avoir sa période d’apprentissage, de progrès et de perfection, jusqu’à ce qu’enfin cette ligature, toujours fragile et difficile à faire, fut remplacée par les douilles simples et doubles qui permirent l’invention des cannes à compartiment.

Restait la question de matière ; on a essayé tous les bois possibles et