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RUE SAINT-GUILLAUME

vants n’ont pas d’autres auditeurs que les hommes spéciaux, quand l’homme d’État ne trouve d’auxiliaires entendus que chez les gens en place, de critiques compétents que chez les candidats qui convoitent la sienne. Pourquoi, par exemple, le gouvernement de l’opinion appartient-il au journalisme frivole autant et plus qu’au journalisme sérieux ? C’est que les hommes qui pourraient apprécier la presse éclairée, la mettre à son rang, sont en trop petit nombre pour la faire vivre. Entre autres choses très nécessaires, il a manqué à la France d’avoir su faire essaimer tous les ans deux ou trois cents esprits hautement cultivés qui, mêlés dans la masse, y auraient maintenu le respect du savoir et l’attitude sérieuse des intelligences. Ceux qui jugent sans étude et décident de tout (hélas ! ils n’étaient que gentilshommes du temps de Molière, ils règnent aujourd’hui) en auraient reçu un coup mortel. »

« Je crois donc signaler à la fois un mal sérieux et son remède, quand je dis : Il manque en France un système ordonné de haute