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Page:Montpetit - Souvenirs tome I, 1944.djvu/104

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RUE SAINT-GUILLAUME

juste mesure, c’est que l’homme et le citoyen éclairés, sans être tenus de parler la langue du savant, de l’érudit et du politique, soient toujours en état de l’entendre. La distinction intellectuelle n’est pas plus, elle n’est pas moins que cela. »

Que manquait-il donc, selon Boutmy, dans les collèges et les écoles supérieures de France ? L’étude des « éléments de la vie contemporaine ». « C’est une immense et déplorable lacune, ajoutait-il. Le moins qu’on puisse attendre d’un homme cultivé, c’est qu’il connaisse son temps. Nos collèges enseignent beaucoup de choses excellentes ; ils n’enseignent pas cela. Rien n’est plus douloureux à suivre que les efforts de nos jeunes gens pour se mettre au courant des idées dirigeantes de leur époque. Combien n’en ai-je pas vu qui se faisaient plus aisément les concitoyens de Lycurgue et de Platon que ceux de Tocqueville, et les contemporains de Virgile que ceux de Victor Hugo et de Tennyson ! Il importe que chaque nouvelle génération entre dans la vie moderne sans étonnement, qu’elle sache s’y reconnaître et s’y mouvoir,