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SOUVENIRS

du forum et à l’abri des marées populaires et des clameurs démagogiques.

Boutmy déclare enfin destiner l’enseignement qu’il institue aux classes « qui ont une position faite et le loisir de cultiver leur esprit ». Puissantes dans le passé, elles s’affaiblissent, elles se diluent. Elles sont découronnées. Les lois et les mœurs les modifient. Plus de prérogatives héréditaires ou même électorales ; plus d’action dans les conseils régionaux. Partout, la poussée d’en bas. Demain, ces classes jusqu’ici munies, disparaîtront peut-être du pays légal, emportant « l’empire de l’esprit et le gouvernement par les meilleurs ». Elles ne dureront que par elles-mêmes, en comptant sur elles-mêmes, et en invoquant leur capacité, leur valeur. « Il faut que, derrière l’enceinte croulante de leurs prérogatives et de la tradition, le flot de la démocratie se heurte à un second rempart fait de mérites éclatants et utiles, de supériorités dont le prestige s’impose, de capacités dont on ne puisse pas se passer sans folie. »

Boutmy voulait un enseignement « riche