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Page:Montpetit - Souvenirs tome I, 1944.djvu/121

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SOUVENIRS


politiques où il m’avait aperçu, se pencha vers moi après un de ses cours — j’étais au pied de la chaire : « Ce n’est pas très orthodoxe ce que je viens d’enseigner », me dit-il en souriant. Habitué à l’évolution des doctrines dont on nous abreuvait rue Saint-Guillaume, j’étais blindé.

Le Collège était, selon l’expression de son vice-président, M. Aulard, un laboratoire d’esprit critique. « Il y a diversité de doctrines sociales, diversité de tendances, diversité de personnages. Que chacun expose ses idées librement, qu’on entende le pour et le contre, tous les sons de cloches, à la seule condition d’être sincère et sérieux : voilà le programme et le but de notre collège. » Les « sons de cloches » nous étaient familiers, et nous ne faisions que les entendre de plus près, à la source du bronze dangereux ou fidèle.

J’ai dit les intentions d’Émile Boutmy lorsqu’il organisa, au lendemain de 1870, l’École des Sciences politiques. En décembre 1895, les fondateurs du Collège des Sciences socia-