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SOUVENIRS

notaire parfait, Camille Paquette. Plus loin, au fond du corridor, la raison légale Beaudin, Saint-Germain et Loranger, où nous étions sûrs de trouver secours en cas de détresse dans les premiers exercices de notre profession.

À la vérité, nous n’avions pas beaucoup de causes ; mais nous en avions. Nous touchions quelques honoraires, et nous avions décidé — ce que nous ne fîmes pas — d’encadrer notre second dollar. Pourquoi le second ? Parce que, disions-nous en riant, nous déclarerons que nous avons bu le premier. Immense blague, car ni mon associé ni moi ne touchions un verre d’alcool. Non par mérite, mais par une répulsion dont je bénissais le ciel.

Je plaidai tant bien que mal quelques causes. J’avais la crainte du prétoire et j’interrogeais les témoins en tremblant. Au fond, je ne m’y fis jamais. J’aimais conseiller le client, me porter vers lui de ma jeune autorité ; malheureusement, comme mon père et bien d’autres, je ne savais pas réclamer des honoraires, malgré toute ma bonne volonté.