Page:Montpetit - Souvenirs tome I, 1944.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

51
ORIENTATIONS

dire, la disposition d’un hebdomadaire. Ai-je jamais su à qui il appartenait ? J’ai gardé l’impression d’y avoir tenu, à certains moments, tous les emplois, rédigeant des articles de tête, des aperçus d’ordre économique et des chroniques sur n’importe quoi. Il m’est même arrivé, une fois ou deux, de remplir à moi seul tout le journal ou presque.

Je touchais une mince rémunération : quelques dollars chaque semaine, trois si je me rappelle bien. Un jour, je reçus d’un annonceur un panama de seconde zone dont je n’étais pas médiocrement fier.

Je m’amusais ferme à remuer ce journal-joujou, à tirer les ficelles de cette mécanique. Sans malice, je prenais plaisir à lutter contre des adversaires, d’ailleurs estimés, jugeant les hommes et les événements avec un imperturbable aplomb, dressant contre les moulins des bras enfantins. Chez les voisins d’en face, on nous traitait de « feuille de chou » ; nous rétorquions en réclamant de la dignité. C’était tordant. Nous défendions les idées et les initiatives du parti et la tunique de nos chefs, blanche de soupçons. Ce qu’ils pré-