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PREMIÈRES ARMES

que nous réunissions des ouvrages sur l’histoire, l’industrie, l’économie politique, la législation industrielle ou commerciale, voire sur la langue et la littérature. Car nous n’avions pas renoncé aux plaisirs de l’esprit. Dans nos réunions, nous parlions peu boutique. Nous analysions un ouvrage récent, roman ou poésie ; nous nous amusions à faire de la critique… et même des vers. Nous avions inventé de toute pièce un poète dont je ne me rappelle plus le nom ; Était-ce Clément Latour ? Nous en avions fait — les dieux nous pardonnent ! — un poète du terroir. Nous avions adressé à un journal un sonnet signé de son nom. Nous projetions de continuer. Nous aurions raconté la vie de notre héros : né à la campagne, manifestant dès sa jeunesse un goût vif pour la poésie, il était destiné… Mais le sonnet ne parut pas.

Et puis, nous faisions des achats chez les libraires, chez notre ami Déom en particulier, si bon, si peu intéressé, toujours prêt à nous aider d’un large crédit. Sa librairie de la rue Sainte-Catherine ne désemplissait pas. Nous y rencontrions des figures connues, des collègues, de nombreux camarades ; et les con-