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SOUVENIRS

nouissait comme une réalité et un symbole. On y sentait vibrer la pensée américaine. L’intelligence y suscitait des forces.

Cela n’a rien d’étonnant. Charles Gide a montré comment l’homme rechercha d’abord la richesse pour ce qu’elle apporte de bien-être ; comment il lui demanda uniquement de satisfaire ses besoins. Il convoita plus tard l’or pour sa puissance ; et voulut faire de la fortune une arme qui courbât ses semblables sous ses volontés. Puis, la richesse eut des aspirations plus nobles. Elle se reconnut des devoirs. Le milliardaire américain donna des millions aux initiatives sociales et à l’enseignement. Les profits de l’usine, du commerce et de la finance retournèrent à la collectivité, fondèrent des œuvres de solidarité, rémunérèrent l’artiste, libérèrent le penseur. Que d’exemples on citerait !

Les gouvernements ont suivi. Partout se manifesta une préoccupation d’art et de beauté, un désir d’enseigner non plus seulement les riches, mais la foule. Partout s’élevèrent des écoles, des collèges, des universités, des bibliothèques, des musées. Le règne de l’esprit s’annonçait. C’était la « poussée idéa-