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LA PORTE D’OR

liste » dans un pays que l’on appelait, la veille encore, « le pays des dollars ».

Le peuple américain peut être naïf, enfiévré ; il sait accomplir aussi de grandes choses. « L’œuvre essentielle de l’esprit public américain, avait écrit M. d’Estournelles de Constant en 1913, tient en un mot : l’éducation. Instruire, éclairer, guider la jeunesse et, par la jeunesse, la nation, vers le bien, par tous les moyens, à tout prix ; tel est l’idéal de l’Américain, de l’Américaine. Tout pour les jeunes, tout pour l’avenir. C’est un élan spontané plus général encore dans les États neufs que dans les anciens. »

Cette préparation était plus urgente que ne voulait l’admettre le grand pacifiste. L’heure tragique est venue vite ; et le pays a pu compter sur les énergies qu’il s’était efforcé de créer. La guerre a posé la question de l’existence même de la nation. La fusion des éléments hétérogènes jetés sur le sol américain par l’ambition ou la misère était-elle faite, les hommes avaient-ils acquis, avec un commencement de fortune, le sentiment national, et secoué les liens de leurs origines au profit d’une patrie nouvelle ? Cette interrogation