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JOURS DE REPOS

Ce roc, extrémité d’un continent, dont les lézardes bravent le temps, solide sous les tempêtes, obstiné vers l’azur, recevant les premiers reflets des jours, tout seul sous son nom prédestiné, n’est-il pas l’image de notre histoire ?

La route continue vers Barachois et incline à droite, sous des arbres plus forts. Une affiche prévient le voyageur contre les surprises des narrows : des détroits de sapins qu’ombrage le Donjon. C’est la Côte du prêtre. Le chemin s’anime d’un ruisseau qui chante devant la maison du poète Chapman. Un ruisseau, qu’est-ce dans ce décor : la familiarité de nos campagnes, quelque chose de retrouvé. À son mouvement libre, des mousses en éventail répondent par une grâce paresseuse qui jette toutes les couleurs. Cinq bonds, et le voilà à la mer où il s’étale avant de disparaître sans bruit, en beauté, dans le bleu.

Le pas retrouve le galet de la grève, et l’œil la masse des hautes falaises tachetées de rouge, et les blocs de jaspe aux cassures tranchantes. Le repas de la mer commence. Des rochers cèdent par morceaux. Les cou-