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SOUVENIRS

me deux pyramides, grises au bas, d’un gris de glaise séchée, avec, sur l’un des rebords, ce joyau : le Pic de l’Aurore. La Coupe immense contient la mer, toute la mer en marche vers la rive. Du fond, le Pic s’élance, entraînant les sapins qui le harcèlent : et, violemment, perce sa tête chenue. La route qui en gravit le flanc le montre sous tous ses aspects : et l’on aperçoit les sept cents pieds de roche qu’il plonge dans la mer, comme un mur que le flot vient battre.

Le Pointisson rouge ! Qui n’a voulu se joindre à son aurore, être de son tourment sauvage, suivre l’élan de sa pierre, torturé comme une courbe de vague. On a l’impression de vide que donnent les sommets : et le ciel fait partie du paysage immédiat. De là, nous retrouvons le Rocher de Percé qui se dirige sur nous le corps replié en croissant : l’arête déchirée du Cap Barré ; et la dentelure que les Trois Sœurs dessinent sur la mer. En face, le Mont-Blanc aux bourrelets calcaires que sillonne un filet de route, rouge sous les arbres. Partout, l’innombrable montagne. Sur la cime ocrée du Pic se tient une jeune fille, attentive au vent du large.