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SOUVENIRS

rappelée la randonnée de Védrines vers Madrid, celle de Beaumont à Rome, les assistants devinrent fiévreux : les applaudissements crépitaient ». Ainsi s’exprimait un journaliste du Matin dans le numéro du 17 mars 1912.

M. Louis Barthou était aussi un homme de lettres. C’était sa coquetterie : elle devait le conduire, lui, ministre de la République, vers cette vieille dame d’un autre régime, l’Académie française. En attendant, je savais qu’il collectionnait avec piété les manuscrits. Il ne prisait que les perles et possédait des richesses. Il avait ses idoles : Lamartine, Hugo, Sainte-Beuve, Anatole France, Barrès, Loti, Edmond Rostand. Il gardait avec soin un exemplaire de Chantecler dont l’Hymne au soleil et les sonnets liminaires avaient été tracés de la main de l’auteur. Entre deux discours politiques, il donnait à la Revue hebdomadaire ou la Revue bleue des articles sur des inédits de Lamartine ou de Victor Hugo. C’était ce qu’un rédacteur du Temps appelait « les délassements de M. Louis Barthou ».

Voilà pourquoi, aviateur et lettré par surcroît. il parlait avec tant d’aisance et d’autorité de la littérature et de l’aviation. Les deux