Page:Montpetit - Souvenirs tome II, 1949.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
SOUVENIRS

j’emportais le morceau, à mon grand étonnement. Après la soirée, un peintre me promettait un de ses tableaux, que je n’ai jamais reçu ; un membre de la délégation me destinait à la politique et me mettait en garde contre l’instinct révolutionnaire : un Anglais me disait : Young man, borrow money and go West. Je partis pour Québec.

Le soir même, en effet, j’accompagnais les délégués qui laissaient Montréal, escortés jusqu’à la gare Viger par les refrains joyeux de nos étudiants.

Un instant nous avons craint une catastrophe : toujours à propos des bagages. J’entends encore Mlle Cormon réclamer une sacoche égarée : « Elle contient, disait-elle gentiment. après l’avoir retrouvée sous un banc, toute ma fortune. » L’alerte passée, le train se mit en marche pendant que les étudiants saluaient d’un dernier « Vive la France » nos visiteurs.

Je m’assis au fumoir. Le général Lebon y terminait un cigare. M. d’Estournelles de Constant, qui n’aimait pas la fumée, le plai-