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SOUVENIRS

Un journal de Paris avait annoncé que M. Louis Madelin prononcerait la conférence. « Je regrette, pour l’auditoire et surtout pour moi, lui dis-je, que cela ne soit pas. Si c’était vous, mon succès serait assuré. » Sur ce mot, peut-être douteux, et qui rappelle les facéties de 1830. « Venez de bonne heure, ça fera le mien ». ou « Vous êtes soldat, cela pourrait militer en votre faveur », j’amorçais sous le titre « Les survivances françaises au Canada » une synthèse de nos résistances.

Je racontais la dernière campagne française, la chute de la colonie, le geste de Lévis, notre délaissement. L’œuvre accomplie par la France au Canada n’avait pas été vaine. En dépit de formidables obstacles, l’essor de la colonie eût été assuré si la fortune des armes ne l’avait séparée de la mère patrie. Repliés sur eux-mêmes, soumis à des constitutions successives, les Canadiens français luttèrent longuement pour conquérir leurs libertés politiques. Aujourd’hui, ils sont, dans la province de Québec, maîtres de leurs destinées. Dans les autres provinces de l’Est et même dans celles de l’Ouest, leur nombre grandit et leur influence s’affermit. Des Canadiens français