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ACADÉMICIEN

Quant à son œuvre, il la poursuit avec vigueur : « Je lis beaucoup, je me fais une idée, j’écris de mémoire, je vérifie ensuite. Ainsi on est sûr de donner toute sa substance. Surtout, n’avoir jamais peur des idées générales. »

Voisin de ma femme, M. Appell se dit heureux du cours sur le Canada que je dois donner l’an prochain en Sorbonne.

Épris d’art, sous toutes ses formes, je suis ravi de rencontrer des artistes, de fréquenter leurs ateliers et de compléter une formation assez rudimentaire. Je suis enivré. Je garde pour la vie une sorte de griserie de la beauté qui naît de l’imagination de l’artiste libre, parfois d’une sorte de hasard, souvent d’une audace.

***

Je m’échappe du côté de la maison que les Oratoriens occupent, près de Paris. J’ai pris place dans un compartiment où je suis seul. Il fait grand soleil sur la campagne verte et peuplée. De la gare, une petite voiture me conduit vers le Père Sanson qui m’attend, debout sur le seuil, la main tendue. Nous faisons le tour de la propriété qu’ombragent des marronniers. Nous sommes sur un plateau qui domine une plaine reposante.

Le Père habite un pavillon près du corps principal : deux chambres meublées de ses souvenirs. Dans un coin, un violoncelle. C’est là qu’il travaille ses sermons, seul et libre, tout en suivant la vie de l’Oratoire. Nous déjeunons dans un petit réfectoire. Tout est frais : des produits de la ferme. Le repas qu’une lecture accompagne est suivi de la prière à la chapelle dont les fenêtres laissent voir les arbres du jardin.

Dans le train qui nous ramène à Paris, le Père