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ACADÉMICIEN

Carême. Il consacrera trois ans d’introduction à la doctrine de Celui dont il étudiera l’Évangile. Il converse avec sa mère, imaginant qu’il a devant lui son auditoire. Il s’exalte, il la gourmande s’il pense qu’elle n’a pas compris toute sa pensée. Puis il complète en étayant son sermon de la documentation qu’il a réunie, puisant partout, même chez les auteurs allemands qu’il fait dépouiller, les sources qui enfièvrent son éloquence innée.

— Combien de temps serez-vous dans cette chaire à laquelle vous a désigné l’unanimité de douze chanoines ?

— Je ne sais pas. Mgr d’Hulst y fut sept ans ; le Père Janvier, plus de vingt-cinq ans peut-être ; le Père Ollivier un an, à cause d’une gaffe. Elle me viendra peut-être à moi aussi. Alors, on m’en fera descendre.

***

Nous quittons Paris, le 26 juin, pour nous arrêter à Caen, dans l’espoir d’y saluer une dernière fois le Père Sanson. Il vient de partir pour Paris. Nous errons par la ville qui, le soir, paraîtrait morte n’étaient les lumières vives des cafés où s’attardent des gens dont l’accent nous rapproche déjà de chez nous. En revanche, quelle joie le lendemain d’assister au réveil d’une ville bruyante et résolue. Dans un décor enrichi de passé, sous le souffle attiédi d’un matin encore brumeux, les rues et le marché s’animent de propos affairés.

En rade de Cherbourg, le transatlantique nous prend à son bord. Traversée sans incidents, sauf l’émotion du 1er juillet en mer : toute une salle debout aux accents de notre Ô Canada et de Vive la Canadienne et ses jolis yeux doux.

Je me livre au spectacle de la mer, si varié, si