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Page:Montpetit - Souvenirs tome III, 1955.djvu/115

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PROFESSEUR EN SORBONNE

cordes de bois et les tonnes de charbon dont Dalbis veut, avec raison, m’écarter pèsent de tout leur poids. Je ne me retiendrai pas, prenant comme le symbole de notre destinée Maria Chapdelaine. dans la région lointaine qu’elle habite, à l’orée d une forêt où les forces humaines ont encore tout à conquérir, de montrer comment le Canada a atteint le développement économique dont s’étonne le monde.

Dans l’Est, au sud du Plateau laurentien, où les premiers groupes s’étaient accumulés, ce fut la pêche et la culture : la forêt fut dépouillée et la terre ensemencée. Un jour, la distance fut franchie qui nous séparait de la plaine de l’Ouest : les blés fauves s’inclinèrent sur des horizons immenses, les ressources des montagnes Rocheuses furent exploitées. Puis on revint au Plateau qui paraissait nu et infertile : les mines y furent creusées dans un sol qui prolonge au nord les riches gisements que les traités avaient abandonnés aux Américains : puis, de nouveau, la forêt primitive fut exploitée et, depuis les bassins du Saguenay, du Saint-Laurent et de l’Outaouais, les arbres abattus descendirent les courants jusqu’aux usines qui, selon l’expression de Fernand Rinfret, fabriquent le papier où nos voisins des États-Unis impriment leur fiévreuse pensée.

Ce chemin parcouru, je reviendrai à Maria Chapdelaine et je dirai pourquoi elle a gardé son attitude quand les événements et le progrès ont bouleversé la vie de son peuple.

C’est qu’elle obéit à une tradition que rien ne peut affaiblir. Aussi bien le peuple lui-même est-il, à cause de cela, et d’ailleurs avec raison, lent à s’adapter aux conditions nouvelles de sa vie. Aujourd’hui, un mouvement économique se dessine