Aller au contenu

Page:Montpetit - Souvenirs tome III, 1955.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
SOUVENIRS

des reconstitutions. Nous laissions cette chrysalide, Deo favente haud pluribus impar, où nous avions vécu jusque-là dans une enveloppe tutélaire.

Après bien des considérations, bien des clignements d’yeux comme en font les artistes et bien des hochements de tête comme s’en permettent les philosophes, les deux flambeaux écartés, deux étoiles se fixèrent sur le bleu azur de notre destinée : l’une d’or, la foi ; l’autre d’argent, la science. Elles brillent sur l’arête d’une montagne — déjà ! — surmontée d’un château fort où se décèle la simplicité de lignes de notre première redoute. Ainsi apparentées à nos origines et ennoblies d’un hommage discret, nos armes parlèrent : fide splendet et scientia.

Le costume resta semblable dans sa fidélité romaine et ses traits d’hermine ; mais les officiers généraux revêtirent, les uns la pourpre ou l’amarante, les autres le noir égayé de bleu azur et d’or, deux tons joyeux, d’une pratique inquiétante comme la poésie pure. Les quatre couleurs fondamentales — le violet, le bleu, le rouge et le vert — qui distinguaient les facultés d’origine, restèrent comme un rattachement auquel se lia une gamme de lisérés qui marquaient les fondations nouvelles.

Ainsi, nous espérions répandre la discipline de l’uniforme, car si la vie d’une université ne tient pas dans le costume, elle y trouve le signe et l’acceptation d’une pensée commune. Nous n’avons pas échoué ; nos cortèges, peu à peu, se sont harmonisés sous la variété des couleurs plus nourries et le souple mouvement de la soie.

***