Page:Montpetit - Souvenirs tome III, 1955.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
PROFESSEUR EN SORBONNE

auditoire d’élite l’histoire de nos luttes pour la survivance, terminant sur Maria Chapdelaine, qui accomplissait alors son tour de France et du monde.

***

Par Saverne et Metz, — l’Alsace tourmentée et la Lorraine aux pentes adoucies — nous atteignons la forteresse de Verdun que nous visitons, accompagnés par un colonel et quelques personnalités du monde administratif. Le lendemain, après la messe dans ce qui reste de la cathédrale au-dessus de la ville pulvérisée, nous allons vers les champs de bataille et les forts, tour à tour perdus et repris, sauf Verdun que l’on n’a jamais eu. Dans des souterrains, le long de barbelés hirsutes, on fait revivre pour nous les étapes de la résistance que perpétuent des noms glorieux et ce frémissant port d’armes dans la mort, la tranchée des baïonnettes. Quelle présence silencieuse, quelle intensité de vie dans ce décor vide.

Nous rentrons par Meaux, en flânant, les yeux emplis d’images cueillies dans d’inoubliables horizons, le cœur réchauffé par des élans plus qu’amicaux, affectueux. À minuit, nous sommes à Paris.

***

Ce voyage, par une suite inattendue, rebondit longtemps après, un matin d’hiver, où je reçus un livre qui me retint particulièrement si c’est le seul où je sois évoqué, et sous une forme voilée, presque romancée. Il m’était bien arrivé d’être interviewé à Montréal par un journaliste français qui. retourné à Paris, transposa à Québec le propos que nous avions tenu. J’avais compris que le journaliste en prend à son aise et dispose de son butin