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SOUVENIRS

Le Palais législatif de Winnipeg ne manque pas de grandeur. À l’intérieur, deux énormes buffles échappés d’un passé proche, rappellent les débuts dans la toundra. Aux murs, cette devise : Cara patria, carior libertas. Dans la salle du Conseil municipal, un buffle toujours — comme un leitmotiv — et des portraits en pied du roi et de la reine d’Angleterre. La ville, vigoureuse, agitée, a grandi sur la route de l’Empire, ville américaine contrainte dans un cadre que l’on a voulu britannique. Le quartier des résidences est agréable et riche, sous des toits élancés et parmi de larges espaces que borde le flot rougeâtre de l’Assiniboine aux berges basses. Formule heureuse de confort, de luxe même, institutions fort bien comprises : tout cela jaillit d’un généreux élan, sans souci, semble-t-il, des charges.

Le Canadian Club réunit les voyageurs et de nombreux citoyens de Winnipeg pour déjeuner, dans la salle de l’hôtel du Pacifique Canadien. L’accueil est sympathique. En réponse, je brode sur un thème familier que m’inspira la formation lente de notre pays à la recherche de l’unité politique, économique, nationale, et j’insiste sur l’enrichissement et la protection que notre civilisation française, librement épanouie, apporte à la patrie.

En bordure de la Rivière Rouge, face à Winnipeg. Saint-Boniface se recueille. Nous avions tout de suite salué des yeux les nôtres qui y sont nombreux. Nous nous retrouvons chez nous : ces vieilles maisons, de type canadien, disséminées le long de la rive : ces institutions de salut et de durée où la fermeté se contracte et où persiste la confiance, l’église voisine de l école, comme chez les Franco-Américains, les associations groupées autour d’une incessante surveillance, refuge de la