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MON NOUVEAU POSTE

des arts où, comme dans une salle d’attente, on eût disposé quelques fauteuils disparates.

La naissance de l’École des sciences sociales, évoque pour moi le souvenir d’un de mes professeurs de la Faculté de droit, M. Honoré Gervais.

Je lui dois beaucoup. Il était pour nous un guide sûr. Il nous communiquait l’énergie et la conviction qui l’animaient. Nous éprouvions à son endroit, outre une vive admiration pour son dynamisme rayonnant, une affection qui demeure, j’en suis sûr, chez ceux qui ont suivi ses enseignements et bénéficié de ses conseils.

En 1904, M. Gervais, dans un discours qu’il prononçait devant la Chambre des Communes, préconisait avec fougue l’institution au Canada d’un service consulaire. Il allait plus loin, réclamant, non seulement pour la Province de Québec mais pour chaque province du pays, une école « comme celles qui existent en Allemagne, en France ou en Belgique ».

Il voyait un Canada devenu autonome, maître de sa destinée, qui, dans le commerce international, prendrait charge de ses intérêts.

M. Gervais a eu cette rare joie de voir ses idées passer dans la réalité. En 1907, sir Lomer Gouin, par une loi, permettait la fondation de l’École des hautes études commerciales et des Écoles techniques. Membre de la Corporation des Hautes études, M. Gervais assistait à la naissance d’une institution dont il avait nettement préconisé la fondation.

Malheureusement, il devait nous être enlevé trop tôt. Un matin, on nous dit qu’il ne viendrait pas faire son cours à la Faculté de droit, où j’étais devenu son collègue, lui la ponctualité, la fidélité mêmes. Il était gravement atteint. J’allai lui