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SOUVENIRS

accueil éphémère, d’un lieu de passage au confort emprunté, trop voulu, est meublé avec un souci d’élégance, voire d’intimité. Les cadres sont bien conçus et attirants. Cela repose des horreurs que nous imposait alors une hôtellerie où se réfugiait de force un tourisme désabusé, sinon insoucieux. Nous occupons, pour quelques heures, l’un des appartements réservés aux visiteurs cossus : la suite Tudor. Il en est d’autres tout aussi agréables, qui portent des noms plus ou moins royaux : Prince de Galles, Géorgienne.

***

De Banff à Windermere, cette fois en automobile. Le tourisme est vigoureusement organisé, les routes bien tracées, les sites signalés d’une large flèche. Vraiment, la Colombie britannique soigne ses atours. Hélas, il pleut de nouveau et des nuages obstinés laissent à peine entrevoir les aiguilles pointées vers le ciel. Au départ, pourtant, un rayon de soleil brise l’obstacle.

Le voyage nous emporte joyeusement à travers les montagnes où se blottissent des lacs étonnamment calmes, où des glaciers d’apparence immobile nourrissent des rivières qui se rejoignent pour former les profondeurs d’un fleuve. Nous touchons la lutte du glacier et de la forêt. L’arbre a conquis la montagne jusqu’à mi-pente et le sommet se dresse, dénudé. Puis des monts en enfilade complètement dépouillés forment une longue chaîne morte, d’un gris mat, où l’on marquerait d’une croix le repos de quelque génie.

On nous ménage un agréable relais : un déjeuner au chalet Vermillon, au sein d’un parc que fréquentent de petits ours amusants et familiers.

La route nous reprend pour nous conduire le