Page:Montpetit - Souvenirs tome III, 1955.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
VERS L’OUEST

long de vallées et de canyons, à travers des montagnes ocrées qui bordent l’horizon comme d’un arcen-ciel, jusqu’à la Columbia vers laquelle dévalent des lacets sablonneux.

La rivière élargie forme le lac Windermere. De chaque côté s’élancent librement des chaînes bleues, veinées de blanc. Le soir, le soleil meurt sur un dernier pic rose. Les monts s’assombrissent et le lac éclaire l’intimité de la nuit. Ronde, la lune apparaît derrière un pan de roc et bientôt, court dans un rideau d’arbres.

Notre train nous attendait à Windermere. Nous le retrouvons avec plaisir, comme une habitude. Il est devenu un peu notre maison, notre home. Il nous conduit à l’immense Lac Kootenay. Il est six heures du matin. Le lac sommeille encore sous la lumière blonde qui descend de monts du type laurentien, les Selkirks : courbes adoucies, roches érodées aux taches mauves sous une brume légère. Au loin pourtant une chaîne plus élevée, couronnée de quelques glaces. L’ensemble est moins torturé, plus humain. Le lac est tout en longueur : quatre-vingts milles. Nous y flânons toute une journée en bateau, en grignotant des cerises charnues. Puis nous allons vers Nelson.

***

Nelson est à la fois lieu de repos où se plaisent d’anciens officiers de la marine anglaise et centre industriel où des Canadiens français exercent divers métiers. Remontés des États-Unis, ils y ont précédé les Anglais et ils sont heureux de leur sort. Ils aiment le pays où « c’est un privilège de vivre ». Nous visitons quelques institutions : l’église, simple et pieuse, bâtie en 1898, par un abbé Ferland, l’hôtel de ville. Du bateau, nous remer-