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Page:Montpetit - Souvenirs tome III, 1955.djvu/180

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SOUVENIRS

maculées, parmi des poules insoucieuses, nous allons jusqu’aux remparts, aspirer l’océan et mettre nos yeux dans ceux du fondateur. De lui, c’est tout ce qui demeure.

***

Un voyage en France c’est une longue réflexion sur nous-mêmes et nos impressions les plus vives sont, le plus souvent, canadiennes. Nous subissons mille réflexes. Nous établissons, malgré nous, des comparaisons. Nous recommençons sans cesse la réponse aux mêmes questions. Tout cela nous aide à nous définir.

Que valons-nous ? Mieux que ce que nous sommes dans l’esprit de la plupart. Cela m’apparaît clairement, dans l’attitude de défense où nous place un séjour à l’étranger.

Je plaide d’abord la vérité. Nous sommes ce que nous sommes. Commençons par le reconnaître, et nous aurons fait un grand progrès. N’exagérons pas. Disons notre vie, expliquons notre expérience. Bornons nos affirmations aux réalités. Le mérite en est sûr. Il jaillira du courant des choses. Nous avons survécu de peu. Nous n’avons pas atteint la perfection ; mais ce que nous révélons de vitalité est déjà beau.

Que j’y vois d’avantages ! La mise au point a la valeur de l’exactitude. Nous éveillerons de légitimes curiosités, qui n’auront pas à se plaindre lorsqu’elles s’exerceront de plus près chez nous. L’enthousiasme, s’il doit naître, se chauffera mieux à nos dures leçons. Nous trouverons de la satisfaction à connaître les choses accomplies et, les sachant incomplètes, de l’encouragement à les achever. Devant ce que nous avons fait, nous voudrons faire plus. Car notre effort est perfec-