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ALLER ET RETOUR

tible. Nous aurons gagné le jour où nous aurons la modestie et la volonté de nous en persuader. Pas de grands mots. Pas de vaines susceptibilités. Moins de rebuffades. Plus de langue de Louis XIV, plus d’excessive sentimentalité. La vérité. Elle est suffisante et singulièrement féconde. La vérité par l’esprit critique, accepté chez les autres, avivé en nous. Nos bouderies sont enfantines, nos réserves déplorables.

La vérité nous repliera sur nous-mêmes.

Notre pays d’abord. Aimons-le. Il est beau, de toute sa sauvagerie. Sa neige a ses ravissements, son été ses splendeurs. Connaissons-le donc. Plaçons à la base de nos programmes d’études les sciences naturelles. Elles nous donneront l’amour raisonné du sol et la préoccupation d’un patriotisme fondé sur les choses et non sur la duperie des phrases et les fausses sonorités de l’éloquence.

Le pays s’humanise. Les yeux y dégagent le travail de l’homme. Surveillons cette transformation. Qu’elle marque une civilisation. Voilà le point commun de nos efforts. Le progrès est possible. Les résultats naîtront de l’énergie éclairée, instruite. En architecture et en art, comme pour l’agriculture et l’industrie, il faut s’adapter. Nous vivons en Amérique et Beaudry Léman a sans doute eu raison de nous le rappeler. Mais l’américanisme, dont le foyer est à nos portes, s’épand sur nous immédiatement.

Nous le subissons comme une contrainte. Pourquoi ne serait-ce pas en l’utilisant ? André Siegfried me le recommandait pour les nôtres. J’ai saisi en France nombre de ces assimilations : la danse plus gracieuse, la musique moins brutale et tout aussi entraînante, l’hôtellerie modernisée