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SOUVENIRS

travaille. Les beaux érables dorés, par exemple. Emplis tes yeux de leurs reflets. Et ces noyers rayonnants dont l’artiste utilise la couleur et le mouvement, l’expansion du cœur, tout ce qui s’est formé dans la silencieuse croissance. Curieux dessins, jamais les mêmes. Les uns sont propices à l’intimité ; les autres, à l’éclat des grands décors.

Ils sont rugueux quand l’ouvrier les choisit ; ils portent ici et là des nœuds et des lambeaux d’écorce. Voici que l’outil les taille, les égalise, les polit. Tu aimeras ce métier. Tâche — si tu peux — de situer un bois ainsi coupé. Tu le trouveras ensuite dans la forêt.

Revenons-y. Il s’agit maintenant pour toi de nommer les arbres. Je conviens que ce n’est pas une tâche facile et que je n’y arriverais pas. Je me borne aux espèces les plus connues, heureux quand j’en ajoute une à mon petit bagage. Mais cela me satisfait. Tu feras mieux, si tu t’y mets.

Apprends à les distinguer. Voici l’érable, sa touffe puissante et dentelée ; l’orme, l’arbre type de notre région, que l’on retrouve partout. Il en est de fort beaux. J’en sais qui montent une garde admirable auprès de vieux monuments ou qui dominent les routes d’un mouvement souple. Tu trouveras aussi le chêne tordu, le hêtre lisse, le saule pleureur, ou comiquement ébouriffé ; les peupliers, grands buveurs d’eau, dont certains sont droits comme des sentinelles. Du côté de l’Île-aux-Noix, tu en verras qui expriment pieusement le souvenir français, comme des ifs énormes. Il en est aussi au cœur de notre ville, qui encadrent des jardins. Le peuplier étend ses racines au ras du sol, à la recherche de l’humidité. Il a vite fait de défoncer parcs et jardins qu’il crible de ses feuilles tombées dès la fin de l’été. Remarque comme le bouleau