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SOUVENIRS

jusque-là toute protocolaire. Je lui dis mon affection qui lui est restée fidèle depuis l’année 1897, où je le vis porter le Saint-Sacrement dans les rues de Montréal, sa belle tête inclinée sur l’ostensoir. J’ai suivi son ascension : et je n’ai eu qu’un rêve : le voir et lui exprimer mon admiration.

Puis, Son Éminence ayant tracé au bas de sa photographie des mots de bénédiction pour ma famille : « Chacun a son cardinal, lui dis-je, sans doute naïvement, vous êtes le mien, et je vous remercie de tout mon cœur ». Je laisse à regret ce prince qui — comme l’écrit à peu près Caillavet du marquis de Ségur — n’a pas à s’efforcer pour être grand seigneur.

Le cardinal Billot loge au Collège américain où il occupe une série d’antichambres petites et étroites, modestement meublées. Vêtu de noir, une légère ligne pourpre souligne son col romain. Il se penche un peu en nous parlant car il est très grand. Ce Jésuite est un des plus notoires théologiens de Rome.

Ce que nous disons de nos démarches paraît nous assurer l’appui de son incontestable autorité. Une ombre : il s’étonne de notre participation au prochain Congrès d’Oxford auquel prendront part un bon nombre d’universitaires protestants. D’autres pensent peut-être comme lui : il est le seul à le dire. Nous le rassurons en lui apprenant la parfaite approbation du Pape. Et nous lui demandons de vouloir bien s’employer à nous obtenir la bulle pour le premier de l’An afin que nous puissions travailler dans la joie et le repos de la consécration.

Encore un palais, là-bas, dans une autre extrémité de Rome, et encore un cardinal. Très grand et très droit, le cardinal Lega agit comme